Ta démarche est assurée. Perchée sur des talons bien trop hauts pour le commun des mortels, tu remontes le couloir du lycée en direction de ton casier, tenant quelques livres contre toi. Tes longs cheveux roux, brillants, parfaitement entretenus, retombent en cascade dans ton dos, voltigeant légèrement au gré de ton parcours. Ton regard est dur, froid, ta tête haute et ton attitude arrogante dominent. Tu es la reine ici. La reine incontestée. Les regards masculins se posent sur toi, tandis qu’un sourire amusé se dessine aux coins de tes lèvres. Tu es consciente de l’effet que tu produis, et tu adores ça. Tu adores te sentir admirer, désirée, aimé par certains comme craints par d’autres. Derrière toi, deux de tes acolytes et amies. Deux des filles de ta bande très sélective. De ton élite. Tu arrives au niveau de ton casier, que tu ouvres pour changer tes livres. Sur la porte métallique, trône une photo de toi et ta sœur, mais également de ton parfait – ou presque- petit-ami. Celui avec qui tu fais la paire. Les populaires par excellence. Ceux que l’on veut être à tout prix. Ceux que l’on voit déjà roi et reine du bal de promo. « Vous avez entendu la dernière ? Apparemment, Alison a été repérée en train de pleurer dans les toilettes ce matin » Jenny pouffe et tu souris largement, tout en continuant de ranger tes livres. « Toujours aussi pitoyable, celle-là, décidément » Tes amies pouffent. Parfaites garces qui se réjouissent du malheur des autres, en tout instant. Mais vos rires moqueurs sont stoppés par de l’agitation à quelques mètres dans le couloir. Une fille, ramasse ses livres tombés au sol après qu’elle est heurtée un des gars de l’équipe de Football « Regarde où tu marches ! Pauvre fille ! » Qu’il lui balance avant de tourner dans le couloir, tandis que ses amis lancent un regard mauvais à celle qui s’affaire déjà, à quatre pattes sur le sol, à ramasser ses livres. Tu reconnais rapidement la fille en question. « Ashley, évidemment » Que tu balances, le regard pétillant d’une lueur mauvaise. « Venez les filles, allons dire bonjour » Que tu balances, tandis qu’un sourire sadique se dessine sur ton visage. Martyriser les plus faibles, les loosers comme tu les appelles, est clairement devenu ton sport préféré. Tu fermes la porte de ton casier d’un geste dur, faisant claquer la petite porte métallique. Tu passes la main dans tes cheveux et prends la direction d’Ashley, venant poser le bout de ton pied sur son livre, encore au sol, qu’elle venait de saisir. Let’s the bullying begin.

« Tu ne te demandes pas parfois, si tout ça n’est pas allé un peu loin ? » Que tu lui demandes, tandis que tu es allongée sur le dos sur ton lit et qu’il t’embrasse dans le cou, se montrant de plus en plus entreprenant. Il se redresse, appuyé sur ses mains positionnées des deux côtés de ton corps. Froncement de sourcil réprobateur « T’es encore là-dessus, sérieusement ? » Qu’il déclare, passablement agacé. Tu le regardes dans les yeux et hausses les épaules « Je m’interroge, c’est tout » il sourit en coin, avant de s’adresse de nouveau à toi « Arrête de réfléchir et retire tes fringues » Son regard se met à pétiller d’envie, de désir, de désir pour toi. Mais tu n’as pas le cœur à ça, ton corps est bel et bien là, appréciant chaque sensation, pourtant ton esprit est ailleurs. Tourmenté. Hanté. Tu l’embrasses, encore et encore, cherchant simplement à te perdre dans ses lèvres, tandis que ses mains parcourent ton corps. Tu n’es plus vierge depuis un petit moment déjà. Ton innocence, tu l’as perdu avec lui. Tu lui a tout donné, à ton parfait petit ami. Sélectionné avec soin. Il participe à ta renommée, à ton paraître, à ton image de parfaite petite fille populaire. Mais tu vois aussi ses travers, ses défauts, son côté pressant, parfois un peu trop. Il enfouit à nouveau son visage dans ton cou, tandis que tu laisses faire, guider. Tu poses tes mains sur son dos nu et musclé. Mais ton regard clair fixe le plafond. Pensive, songeuse, troublée. Tu es là sans être là. Tu lui donnes ce qu’il veut. Encore. Toujours. Pour quelques heures de plus. Tu fermes les yeux, tu revois Ashley, tu revois son regard meurtrier le jour avant sa mort. Tes paroles, ton venin, raisonnent dans ta tête, comme une chanson de haine, comme une poésie de moqueries. Il resserre son étreinte, pressant ton corps contre le sien, te rapprochant toujours plus de lui. Sa façon à lui de montrer que tu lui appartiens, corps et âme. Il te veut, entière. Mais tu n’es là qu’à moitié.