- 06 Août 2010, sur la route de Sacramento à Mountain View. -

« Je ne comprends pas » Maximilien hoche négativement la tête et tente de croiser le regard de son père qui ne cesse de fuir la confrontation visuelle. Ni lui, ni sa petite sœur ne voulait quitter Sacramento, encore moins pour Mountain View. S’ils devaient aller voir les éléphants d’Afrique ou encore les pingouins d’Alaska  alors d’accord. Mais Mountain View ?? Elisha, la cadette de la famille avait les yeux gonflés à force de pleurer. Elle avait 12 ans mais elle en avait sûrement pris 10 de plus avec ses grosses poches sous les yeux. « Mais papa, pourquoi on va pas chercher maman à l’hôpital ? Pourquoi on la laisse ici ? » Maman était décédée depuis deux ans d’une insuffisance rénale. Le médecin a dit qu’elle buvait beaucoup trop de boisson énergisante (contrairement à toutes ses amies alcooliques). Elisha avait encore du mal à encaisser l’information, il lui fallait apparemment plus de deux ans pour accepter que sa mère n’était en fait pas en quarantaine, qu’elle était bel et bien dans un cercueil et qu’elle n’allait plus jamais la revoir. « Elisha. Arrête. » Elle se remit à pleurer, s’accoudant sur son grand-frère tandis que son père demandait autoritairement au chauffeur d’appuyer sur l’allume-cigare.

- 12 Juin 2014, salle de classe abandonnée. -

La jeune fille regardait Maximilien avec des gros yeux remplis de larmes alors qu’il semblait plus préoccupé par sa cigarette que par la voix désespérée qui retentissait dans la salle de classe. « Arrête de te comporter comme un enfant ! Tu t’intéresses à elle ou pas ? Tu m’aimes plus c’est ça ? » A part un long souffle agacé, elle ne reçut pas de réponse. Le concerné tira une taffe et s’appliqua à souffler la fumée par la fenêtre. La blondasse qui lui servait de petite-amie l’avait retenue ici, pour faire ce qu’elle appelait une « mise au point ».  « J’aime pas quand tu me prends la tête comme ça. » Déclara-t-il finalement. Il aurait apparemment mieux fait de se taire, car elle s’écroula par terre et engouffra son visage entre ses doigts, lui montrant indirectement la manucure qu’elle venait de faire. Il ne voulait plus d’elle, de ses beaux cheveux blonds, de sa taille parfaite, de ses lèvres pulpeuses. Non. Il n’en voulait plus, il en avait marre maintenant, comme à chaque fois. Elle, elle comprenait pas. Elle voulait son couple parfait. Le beau rebelle adulé du lycée et la blonde parfaite qui n’a pas l’air d’avoir grand-chose dans la tête. C’est vrai qu’ils étaient beaux à voir ensemble. « Mais tu la regardes tout le temps et tu me touches même pas. Je veux dire, ça fait déjà deux mois et tu m’as jamais laissé entrer dans ta chambre. » - « J’ai pas envie c’est tout, et puis arrête de me parler d’elle, tu exagères. » Elle essuya lentement ses larmes pour ne pas gâcher son contouring et son parfait trait d’eyliner, puis elle se releva, les sourcils foncés et l’air révolté. « Je suis pas attirante c’est ça ? » Ah non. C’était sûrement la plus attirante du lycée. « Si t’es pas capable de me dire qu’elle t’attire pas c’est parce que c’est vrai ! T’es qu’un.. T’ES QU’UN CONNARD MAXIMILIEN » Ah oui. Dans ce genre de situation c’était toujours Maximilien. Plus de Max, Maxou, Maxchou etc. « Écoute, je crois qu’on devrait en arrêter là. » Il lui tapota gentiment l’épaule avant d’écraser sa cigarette sur le rebord de la fenêtre et de sauter par cette dernière pour rejoindre la cours de récréation.