"Maman, Loïs il m'a volé ma robe!" , on entendit raisonner dans toute la maison.

Une fillette haute comme trois pommes se tenait en plein milieu du salon, les lèvres tremblantes et les yeux rouges prêts à laisser échapper un flot de larmes. Elle fixait son frère entrain de se pavaner devant elle avec amertume. Des bruits de pas se firent entendre et sa mère apparut enfin à l'entrée du salon. Madame Landwin soupira en découvrant la scène qui se déroulait juste devant ses yeux. Son fils aîné de sept ans se pavanait tel une vrai princesse, la tête haute et vêtue d'une robe rose à paillette. Elle eut une soudaine envie de se frapper la tête sur le mur le plus proche. Elle se dirigea vers son fils et le stoppa en plein dans son défilé.

"Loïs, je t'ai déjà dit d'arrêter de voler les affaires de ta soeur! Et puis un petit garçon ne met pas de robe de princesse."

Le petit garçon essaya de dégager son bras de la poigne de sa mère mais ce fut sans résultat. Il affiche une mine renfrognée et tourna la tête vers sa petite soeur et dit ces paroles sans la quitter une seconde du regard:

"Elle est trop moche pour porter cette robe, elle me va mieux à moi!"

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et la petite fille se mit à pleurer tout en courant se cacher dans sa chambre. Le petit Loïs tira la langue au dos de la petite fille qui disparaissait dans les couloirs. Il fut très vite remit à l'ordre lorsque la main de sa mère rencontra un peu trop violemment sa joue droite.

"Loïs arrête de traiter ta soeur comme ça! Tu as trois secondes pour déguerpir et me retirer cette robe!"

Il resta planter au milieu du salon comme pour mettre au défi l'autorité de sa mère. Celle-ci commença un décompte tout en regardant son fils d'un regard dur et sans appel. Toutefois, elle était surprise de l'insolence dont faisait preuve son fils. Celui-ci décida de s'enfuir lorsqu'elle fut presque arrivé à trois. Monsieur Landwin qui venait de rentrer du travail et avait suivi la moitié de la scène afficha un sourire à moitié amusé. Il posa sa veste sur le porte-manteau  et embrassa sa femme histoire de la remettre de bonne humeur. Il lança sur le ton de la plaisanterie:

"Si ça continue comme ça, on aura deux gendres."

Sa femme laissa échapper un petit rire nerveux.

"Tu m'ôtes les mots de la bouche!"

-----------------------------------------------------------------------------------

"Loïs, descend! Ton père et moi devons te parler!"

L'adolescent continuait à secouer la tête dans tout les sens, le dernier modèle de casque visser sur les oreilles et la musique pop rock à fond dedans. Il surfait sur le web jetant des coups d'oeil sur tout les réseaux sociaux sur lequel il était inscrit, à la recherche d'info croustillante. Liker, Commenter, Partager, Tweeter, Retweeter .... Oh, Mike et Diana étaient ensemble à la plage! Futur couple? Jim s'est fait un nouveau tatouage, Lily, son premier piercing etc... Cela pourrait durer des heures en remontant tout les fils d'actualité.

Tout à coup, un chausson arrêta ses recherches. Loïs se retourna brusquement cherchant à savoir qui lui avait un lancé une chaussure sur le crane. Bien sur il avait déjà sa petite idée. Sa petite soeur se tenait dans l'encadrement de la porte avec ses fameux airs de petite peste!
"Espèce de co...."

Elle le coupa avant qu'il puisse finir de l'insulter.

"Maman t'appelles depuis cinq bonnes minutes dejà. Descend, j'en ai marre de l'entendre brailler ton prénom."

Il la poussa violemment en sortant de la chambre et descendit les escaliers d'un pas lourd. Monsieur et Madame Landwin étaient assis sur le canapé et semblaient assez impatients.

"Qu'est-ce que vous vouliez?"

Sa mère tapota une place vide près d'elle, l'invitant à s’asseoir. Loïs s'exécuta. L'atmosphère semblait étrange. Un sujet sérieux allait visiblement être abordé ce que Loïs détestait au plus haut point. Le silence dura une bonne minute puis sa mère prit la parole.

"Ecoute Loïs, sache que peu importe ce qui va être dit, nous t'aimons énormément et cela changera jamais..."

Oulah! Stop! Mais de quoi parle-t-elle? C'est quoi ce début de discours cliché pour annoncer une mauvaise nouvelle ou un truc du genre? Ses parents avaient décidé de l'abandonner ou de le mettre en pensionnat ou quoi?

"Tu as quatorze ans  bientôt quinze, et ton père et moi savons que c'est un âge particulièrement difficile. L'âge des premières expériences..."

Loïs espérait sérieusement que ses parents n'allaient pas lui faire le fameux discours barbant sur les relations sexuelles. Il n'avait pas besoin qu'on lui explique comment il faut faire pour faire pénétrer son pénis dans un vagin. L'adolescent leva un sourcil en signe de perplexité. Son père prit la parole:

"On va éviter de tourner autour du pot, Gina. Ce que ta mère veut dire c'est que c'est pas grave si tu aimes les hommes. Tu n'as même pas à nous faire ton coming-out, nous l'avons déjà compris car nous sommes dtes parents et nous t'aimons tel que tu es."


Vous voyez la tête que font les personnages de dessins animés lorsqu'ils sont estomaqués avec les yeux sortant des orbites? Eh ben c'était exactement que la tête que faisait Loïs à ce moment-là juste avant qu'il ne se mit à rire. Cela devait être blague, il ne voyait pas d'autres solutions aux conneries que ses parents venaient de lui raconter.

"Moi? Gay?

Rien que de le dire fit redoubler ses rires. Monsieur et Madame Landwin étaient perplexes et déboussolés. Ils pensaient avoir réussit à cerner leur fils. Tous les crèmes de beauté et les jeans aussi serrés que ceux de sa petite soeur sans compter les robes qu'il adorait mettre lorsqu'il était plus petit, n'étaient pas des signaux qu'il leur envoyait?
Madame Landwin cherchait désespérément des explications

"Mais..."

Loïs s'essuya les yeux. Il avait tellement rigoler qu'il en pleurait. Il a les parents les plus  marrants et cons de la terre, faut croire. Et en plus, il ne font même pas exprès!

"Je sais pas pas pourquoi vous pensez ça mais rassurez vous, vous n'aurez pas deux gendres. Par contre, vous aurez pas mal de belles-filles."

Il leur fit un clin d'oeil et fila dans sa chambre. Monsieur Landwin laissa échapper un rire grave qui résonna dans toute la pièce.

"J'adore l'humour de ce gosse, il doit tenir ça de moi."