Une soirée à rester à la maison parce que je n'avais pas le droit de sortir. Mes parents, ces inconnus avec leurs règles, pouvaient aller se faire voir. Je voulais sortir car ils sortaient ce soir là. Apparement depuis que j'étais avec eux, ils sortaient plus, ce qui avait le don de m'énerver parce que j'avais l'impression d'être la cause de tout. Alors que je restais dans ma chambre à ne pas bouger. Ce n'était pas sûr que je reste là toute la soirée, surtout que j'étais seul et que ça me faisait peur. Je me faisais peur tout seul. Quel tristesse, j'avais l'impression de revenir à mes jeunes années où j'avais encore peur du noir. Et je savais que personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais. Les larmes me remontèrent aux yeux alors que je n'avais rien fait ou rien pensé. J'avais envie de tout exploser dans ma chambre, ce que je fis. Je balançais les objets, les uns après les autres contre le mur. Et ça me donnait l'impression de réussir quelque chose. Ou pas du tout en fait.

Je me levais de mon lit et j'allais à l'encadrure de la porte. Je ne pouvais pas rester ici, il fallait que je sorte, que j'aille au bord de la mer où je pouvais me sentir libre. Ce n'était pas chose aisée de se sentir libre. C'était même un de mes plus gros défis. Car oui, je ne voulais pas m'apitoyer sur mon sort et sur mon histoire. Je voulais vivre. Revivre même mais je n'y arrivais pas car j'étais un lâche et un faible. Je pris mon sac à dos et je voulus partir. Peut être que je devrais prendre de la vodka avec moi, ça pourrait m'aider. Mais le temps que je trouve où l'inconnu qu'était mon père planquait ses bouteilles, je  perdais du temps, inutilement. J'aurais pu prendre autre chose mais je voulais de la vodka. Avec de la limonade, c'était si bon. Enfin je trouvais et je me décidais à partir. Je ne voulais pas passer par la porte d'entrée, ou on allait me repérer que j'allais sortir mais je pouvais passer par la fenêtre de la salle de bain. Je grimpais sur la baignoire, posant mon sac sur la petite fenêtre et je commençais à escalader pour sortir. Je pouvais faire le bruit que je voulais, j'étais seul de toute façon, à ce que je croyais.

Alors que j'allais réussir à m'enfuir, quelqu'un se mit à me parler dans mon dos et cela me fit sursauter. Surpris, je me retournais vivement, apeuré et en colère en même temps. J'avais envie de lui sauter à la gorge et lui dire de dégager rapidement. Il n'avait pas le droit d'être là et en même temps, j'avais eu peur que ce soit mon père. Mais non,ce n'était pas lui. Je le regardais alors. C'était un inconnu et je pris peur. Comme jamais, j'en tombais de la chaise. Je sentis que j'avais une douleur au bras. Alors je me recroquevillais dans un coin. Le temps que la douleur se calme et moi aussi. Hors de question que je montre ma peur à ce type. D'où venait-il ? Qui était-il et pourquoi il était là? Je respirais lentement et profondément, calmant ma peur et mon angoisse de devoir affronter un inconnu. Enfin je me relevais, et je choppais la première arme que je pouvais trouver, une lime à ongle que je pointais en direction de l'inconnu.

"Qui êtes-vous et comment savez-vous qui je suis? "  

Grommelais-je bien décidé à ne pas faire confiance à n'importe qui. Je  n'avais déjà pas confiance en ma propre famille. J'avançais vers lui avec ma ridicule lime à ongle. Je me sentais vraiment idiot pour le coup mais tant pis, j'avais l'impression de me défendre. Je me rapprochais de lui et je répétais un peu plus hystériquement:

"Pourquoi êtes-vous ici? Dégagez! C'est une propriété privée!"

Je lachais soudainement ma lime à ongle sur le sol et je courus m'enfermer dans ma chambre. Sans vraiment fermer la porte parce que j'avais peur de laisser la porte fermée. Je me jettais sur mon lit et je me mis à réfléchir pour partir. M'enfuir même. Je n'étais pas à l'aise ici et je me sentais pas vraiment chez moi.