La nuit était déjà tombée depuis un petit moment et ce ne fut que maintenant qu'Aedan se décida à rentrer chez lui. Il avait plutôt été concentré pendant qu'il s'entraînait et il n'avait pas du tout vu le temps passer. Rentrer assez tard était quelque chose qui arrivait souvent, soit lorsqu'il était de soirée, avec ses amis, soit quand il passait ses soirées à s'entraîner. Comme aujourd'hui. Il fallait dire que le foot était l'une des choses qu'il appréciait le plus, l'une des choses dont il ne pouvait pas se lasser et aussi, passer beaucoup de temps à faire cela ne le dérangeait donc pas. Le temps passait toujours vite quand il jouait, plus vite que quand il devait supporter les repas de famille, si on pouvait appeler ça comme ça, par exemple. Mais il y avait malheureusement une fin à tout et Aedan s'apprêta à partir, étant plutôt fatigué au final. Le jeune homme s'aventurait alors dans les rues, plutôt vides à cette heure-ci. Heureusement, il n'habitait pas très loin de l'endroit où il allait s'entraîner, de toute façon il n'avait pas à s'en faire, d'ici à là-bas, Aedan ne craignait sûrement rien. Il était déjà arrivé à mi-chemin maintenant et plutôt concentré sur ce qu'il y avait dans les alentours, quelque chose attira son attention ou plutôt quelqu'un. Il cru reconnaître une personne parmi les autres présentes à l'arrêt de bus, mais il se trompait peut-être et avait l'impression de rêver. Il cligna des yeux avant de regarder à nouveau, cependant la personne était bien présente à l'arrêt. Il ne put s'empêcher de lâcher un soupir avant de se diriger d'un pas vif vers l'arrêt de bus. Aedan se demandait qu'est ce que Merlin pouvait bien faire là. Encore une de ses nombreuses crises, sûrement. Il avait déjà essayé de le calmer, de le faire réagir et ce genre de choses là, mais rien y faisait. Merlin voyait vraiment ça d'un mauvais œil et ça ne faisait qu'empirer la situation. Arrivant aux côtés de Merlin, après s'être frayé un passage entre les quelques personnes qui étaient là, le jeune homme se focalisa sur son neveu puis il enleva ses écouteurs avant de prendre la parole. " Tu fais quoi là ? " Ce n'était que quelques instants après qu'il remarqua des sacs posés au sol près de lui. Il fronça les sourcils en comprenant rapidement ce que cela signifiait. " Alors là tu t'arrêtes tout de suite et tu rentres à la maison en même temps que moi. "  Pour appuyer son idée et ne lui laissant pas le choix, Aedan prit un des sacs qu'il voyait. " Elle sort d'où cette idée encore ? "  

Je n'étais plus aux Etats-Unis, j'étais de nouveau à Londres, dans ma chambre. C'était le soir, ce fameux soir où je m'étais enfui. J'avais quitté l'appartement pour partir dans Londres. Il fallait que je le fasse, je voulais fuir mon père. Mais il m'avait rattrapé et j'avais eu la peur de ma vie. Et la punition que je méritais. Je ne voulais pas m'en rappeler... Je me réveillais en sursaut et je me mis à hurler sans le vouloir. Heureusement que j'étais seul à la maison. Mon coeur palpitait et j'avais l'impression d'avoir de nouveau vécu ça. Mais le décor de la chambre était différent. Et je me disais que je n'avais pas le choix, je devais partir. Parce que ce n'était pas chez moi. Je n'étais pas à ma place et que surêment, ils avaient dû se tromper. Je fis mes sacs, mon sac à dos plus le sac que j'avais gardé avec moi depuis l'Angleterre et j'allais pouvoir partir loin. Je n'avais même plus envie de rester, parce que je me sentais mal à l'aise. Dans le silence que je m'imposais, je me sentais prêt à rentrer chez moi. Il était maintenant temps de partir. Je quittais la maison, mon coeur tapant toujours aussi fort. J'étais nerveux et j'avais l'impression que plus rien rien n'allait pouvoir être comme avant. Je luttais contre les larmes, qui ne voulaient pas s'arrêter de couler et je commençais à réfléchir à tout ce que j'avais fait ici. Je n'avais été que désagréable et je passais mon temps à boire comme si rien d'autre ne pouvait m'aider.

Enfin j'y étais à cet arrêt de bus, je ne savais même pas où ça allait m'emmener, je ne connaissais rien dans les alentours.  Et alors que j'attendais, tremblant à l'idée de me faire attraper, j'entendis une voix qui me fit sursauter comme jamais. Je vis alors Aedan et ma peur s'accentua. Je n'étais plus le petit crétin qui disait n'avoir peur de rien. J'étais persuadé qu'il me détestait. Les larmes que je retenais avec peine se mirent à couler et je répliquais:

"Je rentre chez moi... là où tu seras loin de moi... Et que j'arrêterais de gâcher ta parfaite petite vie!"

Alors qu'il prenait mes affaires pour me faire comprendre qu'il avait gagné et que j'avais perdu face à l'idée de partir, j'étais retourné dans mon passé et  je le suppliais alors:

"Ne me fais pas de mal s'il te plaît... Je te promet que je ne recommencerais plus..."